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19 décembre 2009

Egoïsme, mon amour.


Ainsi donc cette quinzième conférence des parties de la Convention des Nations-Unies sur le changement climatique s’est achevée ce soir. Sur ce qui était prévisible, un texte digne d’une palabre, qui n’apporte rien ni ne change rien. Du grand néant.
Ce sommet était celui de tous les égoïsmes. L’Amérique était venue portée par un immense espoir (partagé en dehors de cette puissance, mais surtout pas à l’intérieur). La Chine, avec un art de l’entourloupe linguistique, digne de la dictature que reste ce pays. L’Europe, avec quelques velléités vite noyées, notamment parce que le vrai patron qu’elle s’est choisie, Barroso, s’est empressé de dynamiter toute envie de prendre le leadership. Et la France, parce qu’elle a élue, un soir de 2007, un pantin gesticulateur, beau parleur, qui n’a rien dans le caleçon quand il s’agit d’agir.
Ce soir, je me sens Africain… Mais finalement, je ne suis pas surpris. Copenhague c’était quoi? Une foire à la ferraille, une brocante des idées. Et tout le monde est coupable. Les gouvernements, les Etats? Qui aurait pu croire une seconde qu’il en serait autrement. A force de jouer au jeu de la barbichette, tout le monde finit par perdre. Les ONG? Elles ont mis du bonheur, de la fête, du combat, affairées qu’elles étaient à se faire entendre plutôt qu’à prendre en otage ceux qui méritaient de l’être. Les journalistes? Ils ont découvert Twitter, et ont bien rigolé à nous raconter le prix de la bière danoise, la petite phrase à la con d’un Chavez trop heureux d’avoir un tel auditoire incapable de se rappeler qui il est, et où il conduit son pays.
Ça fait mal d’avoir tant donné pour qu’un grand journal, un ex-grand journal, devrais-je dire, se penche enfin sur ces grandes questions du monde. Libération, celui de Joffrin, pour ceux qui n’auraient pas compris. Cela fait mal de voir que ce qu’il en reste joue à balancer des textos high tech racontant qu’un correspondant américain vient de finir son n-ième quart de rouge. Désolé pour vous, mais franchement, cela faisait plutôt pitié. Finalement, ce sont sans doute les journaux qui ont décidé de regarder cette farce de très loin qui avaient raison. C’est le choix qui était le mien dans cette modeste tribune.
Copenhague, c’était l’endroit où tout bien pensant devait être. Où les lobbies, les industriels, les journalistes et les marchands de soupe se donnaient rendez-vous pour se regarder le nombril pendant que les candidats en quête de perpétuité dans les livres d’histoires rivalisaient de discours creux, et de SMS vengeurs…
Finalement, je suis assez content d’avoir échappé à cette farce, cette fête de l’huma du climat. Ce festival d’Avignon de la bien pensance. Ce Roland-Garros environnemental. Ce Stade de France du grand soir. C’est selon. Montre-toi, ton compte en banque grossira. C’est la nouvelle devise de la lutte contre le réchauffement climatique.
Source : Effets de Terre

03 juillet 2009

Jean Montaldo dézingue les bandits de la finance

Habitué des dénonciations polémiques et des ventes records, l'écrivain-enquêteur Jean Montaldo revient en force avec un livre, sorti le 25 juin, qui claque comme une nouvelle attaque en règle: une "Lettre ouverte aux bandits de la finance" (Albin Michel) qui a des allures de fessée magistrale et de plongée dans les antres malodorantes du capitalisme financier.  



La suite en détail sur Agoravox 

15 septembre 2008

Biberons mortels


Bébés victimes du lait Sanlu2.jpg  Deux des bébés victimes du lait Sanlu.


Un nouveau scandale alimentaire défraye la chronique : celui du lait pour nouveaux-nés Sanlu. Prés de 400 bébés en sont victimes. Un d'entre eux est décédé.


Ce lait en poudre était contaminé par de la mélamine. Quel intérêt de mélanger cet additif servant de retardant de feu pour le plastique? Objectivement, ce composé chimique dont certains éléments servent à la fabrication d’ insecticides, ne doit pas entrer dans la chaîne alimentaire. N’étant pas métabolisé par l’organisme, il se cristallise. D’où les calculs rénaux parfois d’un centimètre de grosseur dont souffrent ces bébés.

Revenons à la question de départ. Pourquoi mélanger de la mélamine à de la nourriture ? C’est simple. Ce produit fausse les analyses pour le calcul de la teneur en protéines. Une petite pincée de mélamine et le lait étendu d’eau prend dans l’éprouvette l’onctuosité d’un lait bien riche. La mélamine est une molécule synthétisée de longue date, depuis le début du 19ième siècle, et donc facile à produire. Dans les années cinquante, les productivistes aux Etats-Unis, en Europe de l’Ouest et dans le bloc soviétique conseillaient de la donner au bétail en complément alimentaire, jusque qu’on s’aperçoive que ce n’était pas une bonne idée pour la santé humaine.

La Chine est le premier producteur mondial de mélamine. On la retrouve donc un peu partout. Légalement, son ajout est interdit depuis peu pour doper les protéines végétales. En revanche, elle reste tolérée, sinon autorisée, dans l’alimentation pour le bétail et dans les biscuits.

Ce n’est pas la première fois que la fraude à la mélamine fait parler d’elle. Il y a un an des centaines de chats et de chiens en Amérique du Nord ont failli succomber suite à l’introduction par un négociant chinois de mélamine dans des protéines de riz.

Les analyses du Ministère de l’agriculture américain avaient été accueillies comme une odieuse campagne de désinformation orchestrée par les médias occidentaux contre la Chine. La devenue sempiternelle explication valable pour tous les cas est ressortie : « Les mensonges anti-Chinois sont motivées par la crainte de l’Occident de perdre sa supériorité avec l’émergence de la Chine. L’Occident cherche à rabaisser en l'humiliant la Chine, comme pendant les guerres de l’opium... bla, bla, bla ».

Quand une mauvaise nouvelle dérange, tuez le messager ! Elle est enterrée avec le cadavre de celui qui l’apporte.

Adoubée par la propagande du Parti communiste chinois comme la révélation qui éclaire la complexité du monde, la dénégation fait souvent long feu. Les faits sont plus têtus que la rhétorique. En février, plusieurs dizaines de Japonais sont malades après avoir ingurgités des gyoza, des raviolis surgelés fabriqués en Chine. Les services sanitaires japonais identifient des résidus d'un pesticide hautement toxique interdit depuis trente ans dans l’archipel. Le Ministère des affaires chinois récuse avec véhémence ces accusations, prétendant que ces pesticides auraient été introduits au Japon même. Cinq mois plus tard, Pékin est obligé de faire marche arrière : plusieurs centaines de consommateurs chinois sont intoxiqués par les raviolis de cette marque et par le même pesticide.

Ce qui est fascinant dans ces histoires est l’étonnante capacité à ne pas apprendre. L’ensemble des conneries en train de se faire en Chine ont été faites plus tôt et ailleurs. Nous les avons testées. Les lecteurs de mon age se souviennent de l’huile d’olive frelatée espagnole qui rendait aveugle, de l’anti-gel dans les vins blancs autrichiens et italiens... On a tout essayé, en Europe, aux Etats-Unis et de l’autre côté du Rideau de fer. Eh bien ! ça ne marche pas ! Mais comme disait André Gide : « Toutes choses ont été dites déjà, mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer ». Ce qui se passe dans tous les domaines en Chine pose une question universelle: l’homme est-il condamné à éternellement réinventer la roue ?

Pour l’instant, les autorités chinoises qui ont juré de faire toute la lumière et elles montrent du doigt les éleveurs.

Comment réagit la Toile ?

Il y a les chauvins et leurs vitupérations imbéciles habituelles: « C’est une guerre entre nos sociétés et leurs concurrents étrangers. On ne doit pas abandonner nos industriels à cause d’une erreur. Regardez notre marché est envahi par les marques étrangères ! Si nous ne soutenons pas nos marques nationales, les étrangers se partageront notre pays. Est-ce qu’on abandonne ses soldats pendant la guerre ? Nos marques nationales sont nos soldats ! »

Bruyants, les Fenqing, ces « jeunes en colères » ultra chauvinistes qui ont donné de la voix pendant la crise du Tibet tandis que les modérés étaient réduits au silence sur Internet et dans la presse, sont brocardés : « Tu parles, avec Windows que tu écris tes couillonnades mon vieux ! Tu veux soutenir les marques chinoises. Leurs produits sont de la merde ! »

« Il faut nourrir les « fenqing » avec ce lait en poudre pour leur ouvrir les yeux ! Je me souviens pendant l’affaire des ravilis toxiques, ils insultaient les Japonais alors que l’origine du problème était 100% Made in China »

L’humour vire au sarcasme grinçant : « C’est une nouvelle guerre de l’opium ! Cette fois-ci elle concerne le lait. Les héros qui tombent pour défendre notre lait sont nos bébés ! »


Un des bébé malade avec sa mère et un paqet de lait pour nourrisson dd3e14.jpg Une famille victime du lait en poudre Sanlu.



On tourne en dérision la dénégation systématique, qui sous-entend la déresponsabilisation de ceux qui détiennent un pouvoir quelconque, politique ou économique. Le déni profondément enracinée dans les mœurs chinoises:
« Le PDG de Sanlu dit : « C’est pas moi, c’est la faute des éleveurs ! ». Les paysans disent : « C’est pas nous ! C’est les vaches ! ». Et vous savez ce que répondent les vaches ? : « Allez-vous faire foutre ! » » .


La question de la responsabilité du gouvernement, on y vient par les chemins buissonniers : « Les vaches disent : «C’est la faute à la terre ! ». La terre dit : « C’est pas ma faute, j’appartiens à l’Etat et l’Etat appartient aux dirigeants ! »


« Comment obtenir le respect des étrangers quand on empoisonne la nourriture de nouveaux-nés ? Je sais que mes compatriotes ne veulent pas affronter la vérité. Mais elle existe ! »

De telles fraudes sont dans la logique du système : « Marx disait : 20% de bénéfices séduisent un capitaliste ; 50% lui fait prendre des risques insensés ; 100% il se ferait pendre pour cet argent ; 300%, il piétine toutes les lois ! ». Malheureusement ; ce que le Vieux Karl a prédit se réalise dans notre pays!»

On se moque de qui ? se demande cet Internaute : « Le gouvernement évoque notre sens du devoir et nous demande de boycotter les produits et les médias étrangers. Lorsqu’il y a un tremblement de terre, il nous demande de contribuer financièrement. Quand le parti ordonne, le peuple obéit. Mais où est la réciprocité ? C’est ainsi que « vous » récompensez le peuple ? Les enfants sont nos fleurs, notre espoir, notre chair et notre sang ! »

Une mère s’inquiète : « J’ai un enfant de deux ans ! La plupart des médicaments pour enfants vendus en Chine sont interdits à l’étranger!»

On met en cause la censure. Seul le récit officiel de l’affaire a droit de cité : « Les articles négatifs sur Sanlu disparaissent. Il n’y a plus sur le site Baidu.com ! »

(A titre informatif, un article circulait sur la façon désolante dont sont nourries les vaches fournissant au groupe Yi Li circulait sur Internet, il y a un mois. Il a depuis disparu.)

L’affaire se finira ainsi selon ce dernier : « On ne parlera pas de l’incompétence et la responsabilité de l’administration et des services sanitaires ; les écoles de commerce et de communication vont en faire un cas d’école sur comment gérer une crise de relations publiques ; la presse écrira que le problème est réglé ; l’administration sortira un gros rapport d’enquête... Et finalement les familles des victimes auront à payer de leur poches les frais d’hôpital. C’est comme cela que ça se passe en Chine ! »

Sur le problème de qualité dans le bâtiment révélés par le tremblementy de terre au Sichuan en mai dernier voir : Tremblement de terre et colère. Et celui des crises alimentaires à répétition que connait la Chine Made in China.

18 mai 2008

Le fondateur d'Auchan traque les risques des OGM

Le fondateur et ancien patron d'Auchan s'invite dans le débat sur les OGM en lançant une étude scientifique sur leur impact. En exclusivité pour l'Expansion, il explique sa position.


Quelle est votre position à propos des OGM ?

Gérard Mulliez. Dans l’état actuel des connaissances, il faut les interdire. Il est évident que le principe de précaution doit s’appliquer. La situation est grave, je suis abasourdi par le manque de réflexion. On doit attendre d’être sûr de leur non-toxicité pour l’homme avant de diffuser ce type de produit auprès du plus grand nombre.

Doit-on vous ranger parmi les « anti » ?

Je ne suis pas contre par principe, mais je suis contre des décisions d'autorisation qui me semblent hâtives, étant donné le peu d’informations dont on dispose concernant l’impact des organismes génétiquement modifiés sur la santé humaine. Il ne faut pas que l’on se retrouve dans vingt ans avec des OGM partout, sans l’avoir voulu mais par le simple fait que le pollen se dissémine, et réaliser à ce moment là que ce n’est pas bon pour la santé. Je crois qu’il est temps que les ministres actuels se remémorent le scandale du sang contaminé. On est peut-être en train de recommencer la même chose. Le fait de dire que des Américains en mangent depuis dix ans n’est pas une preuve de non nocivité. Personne ne peut expliquer complètement le pourquoi des problèmes de santé spécifiques aux Etats-Unis, dont certains sont peut-être d’ailleurs en train de se développer sournoisement.

Que préconisez-vous ?

Des recherches indépendantes et transparentes. Les études publiées jusqu’ici n’ont pas été développés suffisamment longtemps, et elles sont partiellement diffusées et souvent financées, si ce n’est réalisées, par les industriels et les distributeurs d’OGM. Leur puissance de lobbying est énorme. Ils ont plus de gens à Bruxelles que n’importe qui d’autre. C’est pourquoi à travers, Consommateurs et entreprises responsables (Ceres), une association créée il y a un an et dont je suis le président d’honneur, nous allons financer de façon indépendante une étude de ce type. Nous en publierons les résultats, qu’ils soient positifs ou négatifs. Nous avons déjà récolté 200 000 euros auprès d’entreprises et de particuliers. Le protocole des études toxicologiques est défini et prêt à être mis en œuvre. On va bientôt démarrer.

Vous semblez très remonté contre les fabricants d’OGM…

Je refuse qu’une poignée de multinationales s’arroge le droit potentiel de décider du niveau de prix de l’alimentation mondiale, ce qui peut avoir comme conséquence d'affamer le monde. Il est tout à fait insupportable que les agriculteurs ne puissent pas conserver un stock de graines d’une année sur l’autre comme ils l’ont toujours fait, mais doivent acheter chaque année leurs semences aux distributeurs d’OGM. Pour le cultivateur d’un pays pauvre qui n’a pas le sou, c’est un réel problème de survie. Le doublement du prix du pétrole et du gaz en quelques années devrait nous faire réfléchir aux conséquences possibles d’une raréfaction du blé, du maïs, du soja et du riz.

Pourquoi avez-vous accepté d’être président d’honneur de cette association ?


Mon nom peut faire caisse de résonance. Car c’est bien de cela dont il s’agit aujourd’hui : informer le plus grand nombre de gens. Il faut alerter l’opinion publique, c’est le seul moyen pour faire changer les choses. Vous savez, j’ai passé 47 ans de ma vie à développer des hypermarchés pour vendre de moins en moins chers, de plus en plus de produits différents au plus grand nombre. Je veux pouvoir continuer à le faire sans risquer de menacer la santé de mes concitoyens. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai tenu à ce que les produits Auchan et Pouce soient exempts d’OGM.

Source : L'Expansion

06 mars 2008

Le Sénateur Jean Arthuis et la tentation de la démagogie

Il n’y a pas plus vachard ni revanchard qu’un homme politique blessé par la certitude de ne plus pouvoir jouer un grand rôle de décideur, au sein d’un gouvernement par exemple. Les propos tenus par Jean Arthuis dans les médias, ces derniers jours, traduisent cette aigreur et, venant de sa part, c’est vraiment un sacré gâchis.

Je connais bien le sénateur Jean Arthuis. Il fut, dans sa vie professionnelle, commissaire aux comptes dans plusieurs de nos structures commerciales. Il fut par la suite un plutôt bon ministre de la consommation. Mais il s’est enfoncé, depuis une dizaine d’années, dans une attitude purement inquisitrice à l’égard de la grande distribution. Sans aucune nuance, ni finesse. C’est lui qui signa, du temps de Jacques Chirac, ce rapport parlementaire qui accusait la grande distribution d’être à l’origine des délocalisations et d’un surcroît d’importations (alors même que la France était exportatrice nette !!!). Dieu sait s’il nous a fallu ramer pour dénoncer ces contrevérités tant l’homme s’obstinait à vouloir briller en jouant de cette posture critique.

Jean Arthuis a trouvé un nouveau cheval de bataille. Il feint de découvrir les centrales d’achat établies depuis une dizaine d’années à Zurich ou à Genève. «…j’ai pointé du doigt les pratiques de cinq grandes enseignes nationales qui ont pour habitude de demander à leurs fournisseurs de verser une redevance soi-disant destinée à contribuer au développement international de leur groupe ».
L’accusation aurait été de faible portée si nous n’étions pas dans un contexte nauséabond d’affaires financières et fiscales (l’affaire UIMM, fraude fiscale au Lichtenstein). Jean Arthuis ne pouvait méconnaître ce contexte. Autant dire qu’en prenant le risque de cultiver l’amalgame, le sénateur jette sciemment l’opprobre sur notre secteur.
Je ne sais pas s’il vise une enseigne particulière. Il vaudrait mieux qu’il le dise. A contrario, son coup de sang n’est pas crédible.
Il n’est pas concevable qu’il fasse semblant de découvrir l’existence de ces centrales d’achat. Une dizaine d’entre elles (EMD, AMS, AGENOR…) exercent, depuis une vingtaine d’années en Europe, une activité d’achat, de référencement ou d’échange de savoir-faire. Elles couvrent le secteur des GMS mais aussi de la distribution spécialisée. Pratiquement toutes les grandes enseignes européennes, GSA ou GMS, intégrées, franchisées ou associatives, adhèrent à ces réseaux qui font l’objet périodiquement d’observations et de directives émanant de la Commission Européenne. Il n’y a pas en la matière de spécificité française.

Qu’en est-il pour notre enseigne ?

Longtemps, nous avons tâtonné. Nous avons adhéré quelques années au groupement EMD, aux côtés d’une trentaine d’autres enseignes. Sans réel intérêt, ni efficacité. Puis en 2004, nous avons créé, avec quatre autres enseignes de la distribution européenne, la coopérative « Coopernic ». L’objet social de cette société est complètement transparent : son activité a pour finalité d’améliorer la performance et la compétitivité des magasins de Colruyt (Belgique), Coop (Suisse), Conad (Italie), Rewe (Allemagne) et E. Leclerc. Cette performance concerne évidemment la surveillance des prix au niveau européen, mais aussi le développement en commun des gammes de produits répondant aux nouvelles demandes sociales (commerce équitable, développement durable, produits éthiques, etc.). Coopernic abrite beaucoup d’échanges bilatéraux (E. Leclerc/Coop sur le commerce équitable ; E. Leclerc/Conad sur les carburants ou la parapharmacie ; E. Leclerc/Rewe/Iki pour la promotion des marques régionales françaises dans l’Est de l’Europe). Je me suis déjà exprimé sur ce sujet sur ce blog.

Qu’en est-il des accusations du perfide sénateur ?

a) « Cinq grandes enseignes demandent une redevance » ?

  • Il ne s’agit pas d’enseignes, mais de plusieurs milliers de supermarchés, supérettes, hypermarchés ou magasins spécialisés répartis dans 18 pays du marché européen. Au sein de Coopernic, on compare les hausses de prix, on lance des appels d’offres, on traque les prix les plus bas.
  • Coopernic ne touche pas de redevance. Quand les adhérents de la coopérative viennent y négocier avec les grands industriels une meilleure couverture européenne des ventes, un plan promotionnel lié à un investissement TV (par exemple) ou au lancement d’une innovation dans plusieurs pays en même temps, c’est pour en faire profiter ses membres nationaux. Les conditions d’achat ou de prestations sont directement répercutées aux adhérents de chaque pays.

b) « Les fournisseurs se voient obligés de verser une somme à une société basée en Suisse ». Des sommes qui échapperaient au fisc ?
  • Coopernic est basée en Belgique et non en Suisse.
  • Coopernic est installée à quelques centaines de mètres des services de concurrence de la Communauté Européenne. Sa constitution est connue de tous.
  • C’est une coopérative dont les statuts se réfèrent spécifiquement à la nouvelle législation européenne favorisant le regroupement de commerçants indépendants. Elle est complètement transparente (aux sens financier et juridique) à l’égard de ses membres. La totalité de ses produits éventuels (elle n’a qu’un an d’existence) est reversée directement à ses coopérateurs.
  • Coopernic n’a pas vocation à faire des profits. Elle ne garde rien, elle est financée par des appels de cotisations. En aucun cas, elle ne finance le développement international des enseignes.
  • Tous les fournisseurs n’ont pas de stratégie ou de conditions européennes de vente. D’autres ne souhaitent pas profiter des prestations de Coopernic. Seules quelques dizaines de grandes sociétés ont conclu des accords avec la coopérative.
  • Enfin, fiscalement, tous les produits de Coopernic sont soumis à la fiscalité des pays d’origine des adhérents. Dans le cas de la France, ils sont intégrés aux déclarations fiscales de chaque centre E. Leclerc.

Voilà. Normalement le sénateur Jean Arthuis devrait être rassuré. Malheureusement, je crains que ça ne fût pas sa réelle intention.

Michel-Edouard Leclerc


01 mars 2008

Le monde selon Monsanto > le film !


Arte : mardi 11 mars à 21h

Le film retrace l’histoire de Monsanto, une multinationale américaine, aujourd’hui leader mondial des OGM, et considérée comme l’un des plus grands pollueurs de l’ère industrielle (PCB, agent orange, hormones de croissance, roundup...).

Après une enquête de trois ans, en Amérique du nord et du sud, en Europe et en Asie, il reconstitue la genèse d’un empire industriel, qui, à grand renfort de rapports mensongers, de collusion avec l’administration nord-américaine, de pressions et tentatives de corruption, est devenu l’un des premiers semenciers de la planète.

En s’appuyant sur des documents et des témoignages inédits de scientifiques, victimes de ses activités toxiques, avocats, hommes politiques et de représentants de la Food and Drug Administration ou de l’Environmental Protection Agency des Etats Unis, le documentaire montre comment, derrière l’image d’une société propre et verte décrit par la propagande publicitaire, se cache un projet hégémonique menaçant la sécurité alimentaire du monde, mais aussi l’équilibre écologique de la planète.

>>Tout sur le documentaire événement sur Arte

>>ITW de Marie-Monique ROBIN

04 janvier 2008

"Parle-moi", comme disait Isabelle BOULAY...

LE PEN-RAMADAN : RENCONTRE CHOC SUR L’IMMIGRATION

La date ne figure pas à la rubrique « agenda » de son site internet. Mais le 14 janvier, Tariq Ramadan débattra à Paris avec Marine Le Pen. Le thème : politique d’immigration et test ADN.

Le professeur d’islamologie d’Oxford (Grande-Bretagne) et Doshisha de Kyoto (Japon), considéré comme un fondamentaliste par une partie des médias français et Bernard Henri-Lévy et comme un progressiste en Grande-Bretagne où il travaille avec le gouvernement travailliste, dialogue tous azimuts. Notamment avec Alain Finkielkraut, chef de file des intellos néo-réactionnaires, avec lequel il s’est trouvé des points de convergence. On se souvient qu’il affronta aussi Nicolas Sarkozy sur France 2. L’idée d’échanger avec la fille du président du Front National, chef d’orchestre des campagnes du parti d’extrême droite, ne le rebute pas.

Quant à Marine Le Pen, le challenge ne l’effraie pas non plus : « J’accepte de débattre avec tout le monde, dit-elle. On ne l’a jamais entendu parler de politique d’immigration. Sur l’Islam, je n’aurais sans doute pas accepté, car ce n’est pas un sujet politique. L’immigration, c’est le sujet majeur du XXIème siècle et Tariq Ramadan rencontre un écho auprès d’un certain nombre de gens, cela m’intéresse de connaître son point de vue sur cette question ».

Organisé par « The Kitson » un groupe issu de l’Association de la presse anglo-américaine de Paris, fondé en 2005. Il réunit des journalistes, des professionnels de la communication et du marketing ainsi que le gotha du CAC 40. The Kitson, du nom de sa fondatrice, promeut un nouveau concept, le « débat Off » : des gens se parlent mais l’auditoire n’est pas censé répéter ce qu’il entend. « On fait, mais on ne souhaite pas le faire savoir, c’est une sorte de club privé » explique Faten Ben Ahmed, sa secrétaire générale. Club sélectif, les cotisations annuelles vont de 150 à 300 euros. Pour écouter Tariq et Marine, il faudra débourser 80 euros pour les journalistes, 160 …pour les autres. Mais grâce aux « Grands crus du Médoc », l’un des sponsors, les participants pourront boire à l’œil.

Source : Bakchich


24 décembre 2007

Mafia vs Roberto SAVIANO


Cet auteur de 28 ans est né au sein de la Mafia, géographiquement parlant. Il est LE témoin direct, celui qui manque tant aux journalisme (le vrai).

Après avoir écouté plusieurs Podcast sur la TSR au sujet du crime organisé, j'ai tapé Roberto SAVIANO sur un moteur de recherche.

Il y a encore des gens qui ont des couilles en titane, dans ce bas monde...

27 octobre 2007

La colonisation US du ministère français de l’Économie

Après que Le Canard enchaîné eut révélé dans son édition du 10 octobre 2007 que le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Emploi, Christine Lagarde, rédige et fait rédiger en anglais les notes qu’elle échange avec ses collaborateurs, le député de Seine-Saint-Denis Jean-Pierre Brard, l’a apostrophée en anglais lors de la séances de questions de l’Assemblée nationale, mardi 16 octobre.

L’incident a été prestement tourné en dérision par la presse française, qui s’est efforcée de n’y voir qu’un plaisanterie, tandis que la présidence de l’Assemblée nationale a décidé de le retirer du compte-rendu au motif que seul le Français est langue officielle de la République.

En réalité, le fond de la question posée par M. Brard est des plus sérieux : comme nous l’avions révélé dans nos colonnes, Christine Lagarde —proche de Dick Cheney et de Zbigniew Brzezinski— est une ancienne responsable du Center for Strategic & International Studies (CSIS). Elle représente les intérêts industriels états-uniens à l’intérieur même du gouvernement français et fait travailler son cabinet ministériel en anglais pour faciliter la subordination de l’administration française à ces intérêts.

[1] « Avec Christine Lagarde, l’industrie US entre au gouvernement français », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 22 juin 2005.

07 octobre 2007

Dominique Strauss-Kahn, l’homme de « Condi » au FMI

Par Thierry MEYSSAN

La nomination triomphale de Dominique Strauss-Kahn à la direction générale du Fonds monétaire international (FMI), le 28 septembre 2007, a donné lieu à deux messages contradictoires. D’un côté la presse occidentale exalte la capacité du bloc altantiste à imposer son candidat face à celui de la Russie, Josef Tosovsky ; d’autre part, elle affirme que la principale mission de M. Strauss-Kahn sera d’associer plus largement les pays du Sud aux décisions, c’est-à-dire de mettre fin à la domination du bloc atlantiste.

Avec chauvinisme, la presse française se félicite que des Français se trouvent aujourd’hui à la tête de quatre grandes organisations internationales. En effet, outre Dominique Strauss-Kahn au FMI, Pascal Lamy dirige l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), Jean Lemierre préside la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD), et Jean-Claude Trichet la Banque centrale européenne (BCE). Mais doit-on mettre ces quatre institutions sur le même plan ? Et surtout, doit-on se réjouir d’une situation qui, loin de manifester la place de la France dans le monde, illustre l’intégration des élites françaises dans la mondialisation, c’est-à-dire leur acharnement à détruire leur pays, en tant qu’État-nation, un cadre politique qu’ils jugent dépassé ?

Le dernier exploit en date laisse songeur : le FMI est une des organisations internationales la plus critiquée dans le monde. Il a abondamment financé l’installation de dictatures dans les pays du Sud, notamment en Argentine, au Brésil, en Indonésie, au Nigéria, aux Philippines, en Thaïlande etc… En outre, ses exigences soudaines de remboursement immédiat de prêts ont contraints des États à sacrifier leur avenir en dévaluant et en fermant écoles et hôpitaux. Ses adversaires l’accusent donc d’avoir provoqué, par l’oppression et la famine, des centaines de millions de morts en un demi-siècle, c’est-à-dire bien plus que les agressions militaires des États-Unis durant la même période. De son côté, le FMI considère au contraire que ses politiques « d’ajustement structurel » loin d’avoir provoqué ces catastrophes y ont mis fin. Des « Prix Nobel » d’économie aussi divers que le néo-keynésien Joseph Stiglitz ou le libertarien Milton Friedman ont accusé le FMI d’être le grand organisateur des déséquilibres Nord-Sud. En effet, l’action principale du FMI aura été de financiariser l’économie mondiale, permettant ainsi aux spéculateurs du Nord de s’enrichir en exploitant le travail, plus encore que les ressources, des pays du Sud. S’il n’était la vénération que la société de consommation voue à ses banquiers, il y a longtemps que le FMI aurait été déclaré organisation criminelle. Pourtant, c’est bien cette institution que le socialiste Dominique Strauss-Kahn a ambitionné de diriger, et c’est bien M. Strauss-Kahn qui a obtenu le soutien appuyé des grands argentiers de la planète, pressés de toutes parts par les multinationales les moins scrupuleuses.

Si l’on laisse de côté l’intérêt personnel de Dominique Strauss-Kahn, qui devient ainsi le haut-fonctionnaire le mieux payé de Washington avec un salaire annuel de base de 461 510 dollars net d’impôts, l’on doit se poser la question de ses objectifs politiques. Pour y répondre, jettons un coup d’œil sur sa biographie et découvrons-y ce que la presse mainstream cache depuis des années : ses liens avec les principaux dirigeants de l’administration états-unienne.

Issu d’une famille aisée de gauche, « DSK » a été élevé au Maroc, puis à Monaco. Il reçoit une éducation juive —plus séfarade qu’ashkénaze—, à laquelle il accorde plus d’importance au plan culturel que religieux. Il est diplômé de Sciences-Po Paris, ancien élève d’HEC, licencié en droit et agrégé de sciences économiques. Il se destine à être avocat d’affaires.

Il entre en 1976 au Parti socialiste où il milite au Cères, le courant social-étatiste animé par Jean-Pierre Chevènement. Il ne tarde pas à s’en séparer pour se rapprocher de Lionel Jospin et Jean-Christophe Cambadélis, les deux meilleurs élèves français d’Irving Brown, l’agent de liaison de la CIA avec la gauche ouest-européenne [1]. Jospin et Cambadelis sont issus d’un petit parti trotskiste (les « Lambertistes ») traditionnellement lié à la CIA. Avec une centaine de camarades, ils ont infiltré le PS et ont réussi à prendre les renes.

Il entre en 1986 à l’Assemblée nationale à la faveur du scrutin proportionnel alors brièvement mis en place. Il choisit de s’implanter, en 1988, dans une circonscription du Val-d’Oise, à Sarcelles, qui abrite une forte communauté juive. Il s’y fait élire en faisant jouer le réflexe identitaire. Il devient président de la Commission des finances de l’Assemblée, puis, en 1991, ministre délégué à l’Industrie et au Commerce extérieur auprès du ministre de l’Économie Pierre Bérégovoy. Tout oppose les deux hommes : « DSK » est un brillant dilettante vivant au milieu des grandes fortunes comme un poisson dans l’eau, tandis que « Béré » est un pénible tâcheron partagé entre ses idéaux ouvriers et son besoin de reconnaissance personnelle par le monde de la finance. « DSK » s’amuse de se dire socialiste tout en faisant le contraire, tandis que « Béré » a des états d’âme.

Alors qu’il est ministre délégué à l’Industrie, il a connaissance des problèmes rencontrés par son ami Jean Peyrelevade à la tête du Crédit Lyonnais. Il intervient personnellement pour favoriser diverses opérations hasardeuses réalisées en faveur de son ami Franck Ullman-Hamon. Cet homme d’affaires est connu pour avoir par ailleurs réalisé diverses interventions en Amérique latine pour le compte d’Israël et pour être actionnaire-fondateur du magazine Marianne de Jean-François Kahn. Les montages de M. Ullman-Hamon avec les filiales du Crédit lyonnais coûteront plusieurs dizaines de millions de francs au contribuable français.

À la même époque, Dominique Strauss-Kahn épouse à la synagogue —en troisièmes noces— une star d’une rare beauté, Anne Sinclair, la journaliste préférée des Français. Le couple choisit de tenir la presse à l’écart de la cérémonie, mais de donner de l’éclat à la fête au sein de la communauté juive, où ils s’affirment comme des personnalités brillantes. Leurs deux témoins de mariage sont le professeur de philosophie Élisabeth Badinter (héritière du Groupe Publicis et épouse du Garde des Sceaux Robert Badinter) et la journaliste Rachel Assouline (épouse du patron de presse Jean-François Kahn).

En 1987, il se démarque de François Mitterrand, il conduit une délégation du Parti socialiste en Israël et se rend à la mairie de Jérusalem qu’il considère comme capitale de l’État hébreu. En 1991, il participe à un voyage de solidarité en Israël, organisé par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) en pleine Guerre du Golfe.

En 1994, usant de sa qualité d’ancien ministre de l’Industrie, il créé le Cercle de l’Industrie auquel il parvient à faire adhérer en six mois 48 des 50 plus grands patrons français. La moitié d’entre eux au moins payent une cotisation annuelle de 200 000 F pour que leurs intérêts soient défendus à Bruxelles. Il laisse la présidence de cette association patronale à Raymond Lévy (ex-Pdg de Renault) et en assure la vice-présidence. Incidemment, le même Raymond Lévy sera nommé à la tête du Consortium de réalisation, chargé de liquider les placements pourris du Crédit Lyonnais et, au passage, d’étouffer les affaires Ullman-Hamon.
Simultanément, DSK devient consultant auprès des mêmes patrons ou avocat d’affaires et établi son bureau dans les locaux du Cercle. La Cogema, la Sofres et EDF, entre autres, lui versent des émoluments exorbitants pour quelques conseils ou un mot transmis à un grand de ce monde. Cette activité peu contraignante lui assure des revenus de plus de 2 000 000 F par an [2].
Par la suite, il donne des cours à l’université, à Stanford et Casablanca, sans compter des conférences ici et là, toujours royalement payées.
Précisément, aux États-Unis Stanford est le bastion des Républicains. C’est là qu’ils ont leur propre centre de recherches, la Hoover Institution [3]. À l’époque, le prévôt de Stanford —c’est-à-dire la personne qui négocie l’engagement de Dominique Strauss-Kahn— n’est autre que Condoleezza Rice [4]. Sur place, Dominique Strauss-Kahn fait la connaissance de George P. Schultz et des universitaires qui formeront le vivier de l’administration Bush.

En 1995, il rédige la partie économique du programme électoral de Lionel Jospin, candidat à la présidence de la République, Propositions pour la France. Il défend alors le principe de la « taxe Tobin » sur les transactions en devises, dont il affirmera plus tard qu’elle est impraticable.

Député de Sarcelles, il en est aussi brièvement le maire, avant d’en confier les clefs à son fidèle François Pupponi. Le temps de « jumeler la plus juive des communes françaises avec la plus française des communes d’Israël », Netanya.

De 1997 à 1999, il est ministre de l’Économie et des Finances. Il pilote le passage à l’euro et la privatisation de France-Télécom. Surtout, il fait entrer la France dans le processus de financiarisation de l’économie en multipliant les mesures démagogiques sectorielles. L’adoption de la semaine de 35 heures diminue considérablement le nombre d’heures travaillées ; tandis que l’exonération de charges sociales sur les stock-options déplace les revenus des cadres du travail vers la finance. Il résulte de cette politique que le début de décroissance de la production française est compensée, au plan statistique, par un développement des profits financiers. Cependant, en fin de compte, le pouvoir d’achat des classes moyennes s’effrite sensiblement.

Dominique Strauss-Kahn fréquente les cercles les plus prestigieux du pouvoir. Dès 1993, on le voit au Forum de Davos. Anne Sinclair l’introduit au Siècle, l’association la plus mondaine de Paris. Puis, Antoine et Simone Veil le font entrer au Club Vauban. En 2000, l’OTAN l’invite au Club de Bilderberg où il retrouve Pascal Lamy et Jean-Claude Trichet qui occupent avec lui aujourd’hui de prestigieux fauteuils dans les institutions internationales.

Dominique Strauss-Kahn est piégé par son perpétuel mélange des genres entre engagement politique et lobbying rémunéré. Il fait l’objet d’une mise en examen dans une affaire concernant la principale mutuelle étudiante, la MNEF, puis dans une autre relative à la caisse noire de la compagnie pétrolière nationale Elf. Les magistrats estimeront en définitive que ses activités étaient licites, à défaut d’être morales.
Cependant les instructions pénales et une commission d’enquête parlementaire mettront en évidence ses méthodes peu orthodoxes. Lionel Jospin, lorsqu’il était ministre de l’Éducation, avait modifié par décret le taux des remboursements effectués à la MNEF par la Sécurité sociale, transformant la Mutuelle en véritable pompe à finances pour le compte du PS. Puis, il avait étendu les activités de la MNEF dans les campus toujours pour détourner plus d’argent. Dominique Strauss-Kahn lui-même recevait des émoluments considérables pour des prestations imaginaires. Plus tard, il avait fait prendre en charge le salaire de sa secrétaire au Cercle de l’Industrie (ou à son cabinet, il n’est guère possible de différencier) par le groupe Elf.

Derrière des manières policées, un goût prononcé pour la bonne chère et les belles femmes, Dominique Strauss-Kahn est un tueur : lorsqu’apparaît, à titre posthume, l’enregistrement vidéo du promoteur immobilier Jean-Claude Méry mettant en cause Jacques Chirac, on ne tarde pas à découvrir qu’il est un des organisateurs de ce mauvais coup.

Ses démêlées avec la Justice l’écarteront un temps de la scène politique. Pendant sa traversée du désert, son épouse, Anne Sinclair, fera preuve de sang-froid et de dignité, plaidant auprès du public en sa faveur par sa seule attitude.

Opérant son grand retour, en 2001, après avoir bénéficié de non-lieux, il prend en mains le développement de la Fondation Jean-Jaurès, le partenaire de la National Endowment for Democracy (NED) pour la gauche française [5]. La chose est d’autant plus aisée que, depuis Stanford, il connaît la nouvelle conseillère nationale de sécurité des États-Unis Condoleezza Rice, et que c’est la sœur adoptive [6] de celle-ci, Mardeleine Albright qui dirige le National Democratic Institute (NDI), organisme tampon de la NED chargé d’acheminer les subsides du département d’État US dans les caisses du Parti socialiste français.

En 2003, le German Marshall Fund of the United States, une des principales officines atlantistes, crée un Forum sur le commerce et la pauvreté. DSK devient l’un des six administrateurs, rémunéré comme toujours [7]. Il y écrit, ou tout au moins signe, divers rapports en faveur du libre-échange absolu.

La même année, il contraint un expert du Parti socialiste, Pascal Boniface, à démissionner. Ce spécialiste en relations internationales a eu le toupet de souligner que le soutien aveugle du parti à Israël est idéologiquement incohérent et électoralement contre-productif alors que le PS doit ambitionner de réunir derrière lui les six millions de Français de culture arabe.
En outre, Dominique Strauss-Kahn pilote la création du Cercle Léon Blum, au sein du PS, dont l’objectif est de veiller au soutien du parti au mouvement sioniste.

En 2004, il déclare lors d’une interview sur France-Inter : « Je considère que tout juif de la diaspora et de France doit apporter son aide à Israël. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est important que les juifs prennent des responsabilités politiques. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, à travers l’ensemble de mes actions, j’essaie d’apporter ma modeste pierre à la construction d’Israël. » [8]

En 2005, il lance les clubs « À gauche en Europe » (AG2E) en faveur du « oui » au référendum d’approbation du projet de Traité constitutionnel européen. Il travaille alors en lien avec le Policy Network (Grande-Bretagne) et la Fondation Friedrich-Ebert (Allemagne). Mais les Français votent « non ».

En 2007, alors que l’écrivain Claude Ribbe ouvre un débat sur les conséquences sociales actuelles de l’esclavage et de la colonisation, DSK participe activement à la création du Conseil représentatif des noirs de France (CRAN), une organisation qui bénéficie de conseils techniques de spécialistes israéliens et reproduit le modèle du Conseil représentatif des juifs de France (CRIF) [9]. À défaut de trouver un écho parmi les noirs de France, cette initiative sera une réussite médiatique, comme l’avait été quelques années plus tôt la création de SOS Racisme pour stopper la structuration des beurs.

Lorsque s’ouvre la compétition au Parti socialiste pour désigner le candidat à l’élection présidentielle de 2007, Dominique Strauss-Kahn apparaît à la fois comme le candidat le mieux placé face à son rival déclaré, l’ancien Premier ministre Laurent Fabius, et comme le candidat officiel des États-Unis pour la gauche française.
Ainsi, il donne un entretien à la revue néo-conservatrice Le Meilleur des mondes, dans lequel il brocarde la politique arabe de la France et plaide pour un rapprochement avec Washington et Tel-Aviv [10].

Tout semble réglé à l’avance. Les cotisations d’adhésion au Parti socialiste ont été réduites à un montant négligeable de sorte que les quelques milliers de membres de parti lambertiste ont pu acquérir des cartes, juste pour participer au vote de désignation interne du candidat. La manœuvre a été organisée par le lieutenant de DSK, Jean-Christophe Cambadelis, lui-même ancien dirigeant de ce parti et que nous avons déjà présenté à propos de ses relations avec la CIA.
Pourtant, contre toute attente, c’est un outsider, Ségolène Royal, qui est désigné. C’est qu’à Washington on a un autre projet : placer Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Pour cela, il convient d’installer face à lui un concurrent peu crédible. En échange de son retrait silencieux, DSK sera largement récompensé par la direction générale du FMI.

Peu après son accession à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy présente la candidature de DSK à Washington, et Condoleezza Rice lui apporte son soutien. Tout en participant à la création de l’European Council on Foreign Relations (E-CFR) [11], il sillonne le monde, officiellement pour convaincre les États du Sud de soutenir également sa candidature. En réalité, leur vote importe peu, puisque les USA et l’Union européenne ont à eux seuls 48 % des voix. La campagne de DSK est payée par la France et organisée par l’agence de relations publiques TD International. Ce que le cabinet de M. Strauss-Kahn minimisera en prétendant ne travailler qu’avec la correspondante française de l’agence. TD International « vendra » à la presse la légende d’un DSK désœuvré, téléphonant au Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker lors d’un colloque à Yalta, lequel lui aurait suggéré d’ambitionner le FMI. En réalité, Dominique Strauss-Kahn et Christine Ockrent participaient au Yalta European Seminar, moyennant un défraiement de 7 000 euros chacun indirectement versés par George Soros. Ce colloque avait pour but de soutenir la « révolution orange » et l’arrimage de l’Ukraine à l’OTAN. Or, TD International est une officine de la CIA, notamment chargée de la construction de l’image publique de la « révolution orange ». Elle est dirigée par William A. Green III, un célèbre agent qui n’était ni plus ni moins que le chef de poste du stay-behind en France et qui fut expulsé en 1995 pour des motifs d’une extrême gravité qui ne furent jamais dévoilés au public.

Hugo Chavez, le président de la République bolivarienne du Vénézuela, quant à lui, n’a pas été convaincu par le show de Dominique Strauss-Kahn. Il a confirmé le retrait de son pays du FMI « avant qu’ils ne nous pillent » et invité tous les États du Sud qui le peuvent à faire de même.




[1] Selon les propos d’Irving Brown lui-même, rapportés dans Éminences grises, par Roger Faligot et Rémi Kauffer, Fayard 1992. Sur le réseau US, voir « Stay-behind : les réseaux d’ingérence américains », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 20 août 2001

[2] « Dominique Strauss-Kahn, 1993-1997, profession – conseil », par Laurent Mauduit, Caroline Monnot et Martine Orange, Le Monde, 11 décembre 1999. « Influents dans le monde de l’entreprise », par Bérengère Mathieu de Heaulme, Le Figaro, 22 janvier 2002.

[3] « La Hoover Institution, archives réservées aux Républicains », Réseau Voltaire, 26 octobre 2004.

[4] « La fulgurante intégration de Condoleezza Rice », par Arthur Lepic et Paul Labarique, Réseau Voltaire, 8 février 2005.

[5] « La NED, nébuleuse de l’ingérence démocratique », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 22janvier 2004.

[6] Op. cit.

[7] « Le German Marshall Fund, un reliquat de la Guerre froide ? », Réseau Voltaire, 5 octobre 2004.

[8] Cité in Encyclopédie politique française, Tome 2, Facta éd., 2005.

[9] Les Nègres de la République, par Claude Ribbe, Jean-Paul Bertrand éd., 2007.

[10] « MM. Sarkozy et Strauss-Kahn affichent leurs allégeances », par Cédric Housez, Réseau Voltaire, 7 novembre 2006. Article plagié depuis. La position de Dominique Strauss-Kahn est partagée par le premier secrétaire du PS, François Hollande, voir « France : le Parti socialiste s’engage à éliminer les diplomates pro-arabes », Réseau Voltaire, 9 janvier 2006. Les propos imputés à M ; Hollande dans ce dernier article ont fait l’objet d’un démenti de l’intéressé, mais ont été maintenus sur le site internet du CRIF.

[11] « Création accélérée d’un Conseil européen des relations étrangères », Réseau Voltaire, 3 octobre 2007.