Deux des bébés victimes du lait Sanlu.
Un nouveau scandale alimentaire défraye la chronique : celui du lait pour nouveaux-nés Sanlu. Prés de 400 bébés en sont victimes. Un d'entre eux est décédé.
Ce lait en poudre était contaminé par de la mélamine. Quel intérêt de mélanger cet additif servant de retardant de feu pour le plastique? Objectivement, ce composé chimique dont certains éléments servent à la fabrication d’ insecticides, ne doit pas entrer dans la chaîne alimentaire. N’étant pas métabolisé par l’organisme, il se cristallise. D’où les calculs rénaux parfois d’un centimètre de grosseur dont souffrent ces bébés.
Revenons à la question de départ. Pourquoi mélanger de la mélamine à de la nourriture ? C’est simple. Ce produit fausse les analyses pour le calcul de la teneur en protéines. Une petite pincée de mélamine et le lait étendu d’eau prend dans l’éprouvette l’onctuosité d’un lait bien riche. La mélamine est une molécule synthétisée de longue date, depuis le début du 19ième siècle, et donc facile à produire. Dans les années cinquante, les productivistes aux Etats-Unis, en Europe de l’Ouest et dans le bloc soviétique conseillaient de la donner au bétail en complément alimentaire, jusque qu’on s’aperçoive que ce n’était pas une bonne idée pour la santé humaine.
La Chine est le premier producteur mondial de mélamine. On la retrouve donc un peu partout. Légalement, son ajout est interdit depuis peu pour doper les protéines végétales. En revanche, elle reste tolérée, sinon autorisée, dans l’alimentation pour le bétail et dans les biscuits.
Ce n’est pas la première fois que la fraude à la mélamine fait parler d’elle. Il y a un an des centaines de chats et de chiens en Amérique du Nord ont failli succomber suite à l’introduction par un négociant chinois de mélamine dans des protéines de riz.
Les analyses du Ministère de l’agriculture américain avaient été accueillies comme une odieuse campagne de désinformation orchestrée par les médias occidentaux contre la Chine. La devenue sempiternelle explication valable pour tous les cas est ressortie : « Les mensonges anti-Chinois sont motivées par la crainte de l’Occident de perdre sa supériorité avec l’émergence de la Chine. L’Occident cherche à rabaisser en l'humiliant la Chine, comme pendant les guerres de l’opium... bla, bla, bla ».
Quand une mauvaise nouvelle dérange, tuez le messager ! Elle est enterrée avec le cadavre de celui qui l’apporte.
Adoubée par la propagande du Parti communiste chinois comme la révélation qui éclaire la complexité du monde, la dénégation fait souvent long feu. Les faits sont plus têtus que la rhétorique. En février, plusieurs dizaines de Japonais sont malades après avoir ingurgités des gyoza, des raviolis surgelés fabriqués en Chine. Les services sanitaires japonais identifient des résidus d'un pesticide hautement toxique interdit depuis trente ans dans l’archipel. Le Ministère des affaires chinois récuse avec véhémence ces accusations, prétendant que ces pesticides auraient été introduits au Japon même. Cinq mois plus tard, Pékin est obligé de faire marche arrière : plusieurs centaines de consommateurs chinois sont intoxiqués par les raviolis de cette marque et par le même pesticide.
Ce qui est fascinant dans ces histoires est l’étonnante capacité à ne pas apprendre. L’ensemble des conneries en train de se faire en Chine ont été faites plus tôt et ailleurs. Nous les avons testées. Les lecteurs de mon age se souviennent de l’huile d’olive frelatée espagnole qui rendait aveugle, de l’anti-gel dans les vins blancs autrichiens et italiens... On a tout essayé, en Europe, aux Etats-Unis et de l’autre côté du Rideau de fer. Eh bien ! ça ne marche pas ! Mais comme disait André Gide : « Toutes choses ont été dites déjà, mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer ». Ce qui se passe dans tous les domaines en Chine pose une question universelle: l’homme est-il condamné à éternellement réinventer la roue ?
Pour l’instant, les autorités chinoises qui ont juré de faire toute la lumière et elles montrent du doigt les éleveurs.
Comment réagit la Toile ?
Il y a les chauvins et leurs vitupérations imbéciles habituelles: « C’est une guerre entre nos sociétés et leurs concurrents étrangers. On ne doit pas abandonner nos industriels à cause d’une erreur. Regardez notre marché est envahi par les marques étrangères ! Si nous ne soutenons pas nos marques nationales, les étrangers se partageront notre pays. Est-ce qu’on abandonne ses soldats pendant la guerre ? Nos marques nationales sont nos soldats ! »
Bruyants, les Fenqing, ces « jeunes en colères » ultra chauvinistes qui ont donné de la voix pendant la crise du Tibet tandis que les modérés étaient réduits au silence sur Internet et dans la presse, sont brocardés : « Tu parles, avec Windows que tu écris tes couillonnades mon vieux ! Tu veux soutenir les marques chinoises. Leurs produits sont de la merde ! »
« Il faut nourrir les « fenqing » avec ce lait en poudre pour leur ouvrir les yeux ! Je me souviens pendant l’affaire des ravilis toxiques, ils insultaient les Japonais alors que l’origine du problème était 100% Made in China »
L’humour vire au sarcasme grinçant : « C’est une nouvelle guerre de l’opium ! Cette fois-ci elle concerne le lait. Les héros qui tombent pour défendre notre lait sont nos bébés ! »
Une famille victime du lait en poudre Sanlu.
On tourne en dérision la dénégation systématique, qui sous-entend la déresponsabilisation de ceux qui détiennent un pouvoir quelconque, politique ou économique. Le déni profondément enracinée dans les mœurs chinoises:
« Le PDG de Sanlu dit : « C’est pas moi, c’est la faute des éleveurs ! ». Les paysans disent : « C’est pas nous ! C’est les vaches ! ». Et vous savez ce que répondent les vaches ? : « Allez-vous faire foutre ! » » .
La question de la responsabilité du gouvernement, on y vient par les chemins buissonniers : « Les vaches disent : «C’est la faute à la terre ! ». La terre dit : « C’est pas ma faute, j’appartiens à l’Etat et l’Etat appartient aux dirigeants ! »
« Comment obtenir le respect des étrangers quand on empoisonne la nourriture de nouveaux-nés ? Je sais que mes compatriotes ne veulent pas affronter la vérité. Mais elle existe ! »
De telles fraudes sont dans la logique du système : « Marx disait : 20% de bénéfices séduisent un capitaliste ; 50% lui fait prendre des risques insensés ; 100% il se ferait pendre pour cet argent ; 300%, il piétine toutes les lois ! ». Malheureusement ; ce que le Vieux Karl a prédit se réalise dans notre pays!»
On se moque de qui ? se demande cet Internaute : « Le gouvernement évoque notre sens du devoir et nous demande de boycotter les produits et les médias étrangers. Lorsqu’il y a un tremblement de terre, il nous demande de contribuer financièrement. Quand le parti ordonne, le peuple obéit. Mais où est la réciprocité ? C’est ainsi que « vous » récompensez le peuple ? Les enfants sont nos fleurs, notre espoir, notre chair et notre sang ! »
Une mère s’inquiète : « J’ai un enfant de deux ans ! La plupart des médicaments pour enfants vendus en Chine sont interdits à l’étranger!»
On met en cause la censure. Seul le récit officiel de l’affaire a droit de cité : « Les articles négatifs sur Sanlu disparaissent. Il n’y a plus sur le site Baidu.com ! »
(A titre informatif, un article circulait sur la façon désolante dont sont nourries les vaches fournissant au groupe Yi Li circulait sur Internet, il y a un mois. Il a depuis disparu.)
L’affaire se finira ainsi selon ce dernier : « On ne parlera pas de l’incompétence et la responsabilité de l’administration et des services sanitaires ; les écoles de commerce et de communication vont en faire un cas d’école sur comment gérer une crise de relations publiques ; la presse écrira que le problème est réglé ; l’administration sortira un gros rapport d’enquête... Et finalement les familles des victimes auront à payer de leur poches les frais d’hôpital. C’est comme cela que ça se passe en Chine ! »
Sur le problème de qualité dans le bâtiment révélés par le tremblementy de terre au Sichuan en mai dernier voir : Tremblement de terre et colère. Et celui des crises alimentaires à répétition que connait la Chine Made in China.
Ce qui est fascinant dans ces histoires est l’étonnante capacité à ne pas apprendre. L’ensemble des conneries en train de se faire en Chine ont été faites plus tôt et ailleurs. Nous les avons testées. Les lecteurs de mon age se souviennent de l’huile d’olive frelatée espagnole qui rendait aveugle, de l’anti-gel dans les vins blancs autrichiens et italiens... On a tout essayé, en Europe, aux Etats-Unis et de l’autre côté du Rideau de fer. Eh bien ! ça ne marche pas ! Mais comme disait André Gide : « Toutes choses ont été dites déjà, mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer ». Ce qui se passe dans tous les domaines en Chine pose une question universelle: l’homme est-il condamné à éternellement réinventer la roue ?
Pour l’instant, les autorités chinoises qui ont juré de faire toute la lumière et elles montrent du doigt les éleveurs.
Comment réagit la Toile ?
Il y a les chauvins et leurs vitupérations imbéciles habituelles: « C’est une guerre entre nos sociétés et leurs concurrents étrangers. On ne doit pas abandonner nos industriels à cause d’une erreur. Regardez notre marché est envahi par les marques étrangères ! Si nous ne soutenons pas nos marques nationales, les étrangers se partageront notre pays. Est-ce qu’on abandonne ses soldats pendant la guerre ? Nos marques nationales sont nos soldats ! »
Bruyants, les Fenqing, ces « jeunes en colères » ultra chauvinistes qui ont donné de la voix pendant la crise du Tibet tandis que les modérés étaient réduits au silence sur Internet et dans la presse, sont brocardés : « Tu parles, avec Windows que tu écris tes couillonnades mon vieux ! Tu veux soutenir les marques chinoises. Leurs produits sont de la merde ! »
« Il faut nourrir les « fenqing » avec ce lait en poudre pour leur ouvrir les yeux ! Je me souviens pendant l’affaire des ravilis toxiques, ils insultaient les Japonais alors que l’origine du problème était 100% Made in China »
L’humour vire au sarcasme grinçant : « C’est une nouvelle guerre de l’opium ! Cette fois-ci elle concerne le lait. Les héros qui tombent pour défendre notre lait sont nos bébés ! »
Une famille victime du lait en poudre Sanlu.
On tourne en dérision la dénégation systématique, qui sous-entend la déresponsabilisation de ceux qui détiennent un pouvoir quelconque, politique ou économique. Le déni profondément enracinée dans les mœurs chinoises:
« Le PDG de Sanlu dit : « C’est pas moi, c’est la faute des éleveurs ! ». Les paysans disent : « C’est pas nous ! C’est les vaches ! ». Et vous savez ce que répondent les vaches ? : « Allez-vous faire foutre ! » » .
La question de la responsabilité du gouvernement, on y vient par les chemins buissonniers : « Les vaches disent : «C’est la faute à la terre ! ». La terre dit : « C’est pas ma faute, j’appartiens à l’Etat et l’Etat appartient aux dirigeants ! »
« Comment obtenir le respect des étrangers quand on empoisonne la nourriture de nouveaux-nés ? Je sais que mes compatriotes ne veulent pas affronter la vérité. Mais elle existe ! »
De telles fraudes sont dans la logique du système : « Marx disait : 20% de bénéfices séduisent un capitaliste ; 50% lui fait prendre des risques insensés ; 100% il se ferait pendre pour cet argent ; 300%, il piétine toutes les lois ! ». Malheureusement ; ce que le Vieux Karl a prédit se réalise dans notre pays!»
On se moque de qui ? se demande cet Internaute : « Le gouvernement évoque notre sens du devoir et nous demande de boycotter les produits et les médias étrangers. Lorsqu’il y a un tremblement de terre, il nous demande de contribuer financièrement. Quand le parti ordonne, le peuple obéit. Mais où est la réciprocité ? C’est ainsi que « vous » récompensez le peuple ? Les enfants sont nos fleurs, notre espoir, notre chair et notre sang ! »
Une mère s’inquiète : « J’ai un enfant de deux ans ! La plupart des médicaments pour enfants vendus en Chine sont interdits à l’étranger!»
On met en cause la censure. Seul le récit officiel de l’affaire a droit de cité : « Les articles négatifs sur Sanlu disparaissent. Il n’y a plus sur le site Baidu.com ! »
(A titre informatif, un article circulait sur la façon désolante dont sont nourries les vaches fournissant au groupe Yi Li circulait sur Internet, il y a un mois. Il a depuis disparu.)
L’affaire se finira ainsi selon ce dernier : « On ne parlera pas de l’incompétence et la responsabilité de l’administration et des services sanitaires ; les écoles de commerce et de communication vont en faire un cas d’école sur comment gérer une crise de relations publiques ; la presse écrira que le problème est réglé ; l’administration sortira un gros rapport d’enquête... Et finalement les familles des victimes auront à payer de leur poches les frais d’hôpital. C’est comme cela que ça se passe en Chine ! »
Sur le problème de qualité dans le bâtiment révélés par le tremblementy de terre au Sichuan en mai dernier voir : Tremblement de terre et colère. Et celui des crises alimentaires à répétition que connait la Chine Made in China.
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