20 avril 2009

Au jardin des Plantes il est désormais interdit de penser et de parler: histoire d'un cours interdit

Vendredi dernier, à titre de solidarité avec mes collègues enseignants de l’Université de Paris 8 engagés, en tant que titulaires et chercheurs de l’Education Nationale, dans une opposition difficile à Valérie Pécresse, j’ai décidé de tenir mon cours sur la biodiversité et l’origine de la protection des espèces et des espaces, que je donne habituellement dans les locaux du département de Géographie (où j’enseigne depuis 20 ans), dans l’espace du Jardin des Plantes (Muséum National d’Histoire Naturelle), là où fut inventée la protection de la nature. Une façon, avec ce « cours hors les murs », de faire découvrir ces lieux aux étudiants et d’être solidaire avec la grogne actuelle mais sans les pénaliser avant leurs partiels.

Mardi, arrivé à 14 h 30, avant les étudiants, j’ai eu la surprise de me voir interpeller dés l’entrée franchie par le chef du service de sécurité tout en constatant que les deux portes du 36 rue Geoffroy Saint Hilaire était gardées par des vigiles...

- « Monsieur Vadrot ? ».
- euh...oui
- Je suis chargé de vous signifier que l’accès du Jardin des Plantes vous est interdit
- Pourquoi ?
- Je n’ai pas à vous donner d’explication....
- Pouvez vous me remettre un papier me signifiant cette interdiction ?
- Non, les manifestations sont interdites dans le Muséum
- Il ne s’agit pas d’une manifestation, mais d’un cours en plein air, sans la moindre pancarte...
- C’est non....

Les étudiants, qui se baladent déjà dans le jardin, reviennent vers l’entrée, le lieu du rendez vous. Le cours se fait donc, pendant une heure et demie, dans la rue, devant l’entrée du Muséum. Un cours qui porte sur l’histoire du Muséum, l’histoire de la protection de la nature, sur Buffon. A la fin du cours, je demande à nouveau à entrer pour effectuer une visite commentée du jardin. Nouveau refus, seuls les étudiants peuvent entrer, pas leur enseignant. Ils entrent et, je décide de tenter ma chance par une autre grille, rue de Buffon. Où je retrouve des membres du service de sécurité qui, possédant manifestement mon signalement, comme les premiers, m’interdisent à nouveau l’entrée.

Évidemment, je finis pas le fâcher et exige, sous peine de bousculer les vigiles, la présence du Directeur de la surveillance du Jardin des Plantes. Comme le scandale menace il finit par arriver. D’abord parfaitement méprisant, il finit pas me réciter mon CV et le contenu de mon blog. Cela commencer à ressembler à un procès politique, avec descriptions de mes opinions, faits et gestes. D’autres enseignants du département de Géographie, dont le Directeur Olivier Archambeau, président du Club des Explorateurs et Alain Bué, insistent et menacent d’un scandale.
Le directeur de la Surveillance, qui me dit agir au nom du Directeur du Muséum (où je pensais être honorablement connu), commençant sans doute à discerner le ridicule de sa situation, finit par nous faire une proposition incroyable, du genre de celle que j’ai pu entendre autrefois, comme journaliste, en Union soviétique :
- Ecoutez, si vous me promettez de ne pas parler de politique à vos étudiants et aux autres professeurs, je vous laisse entrer et rejoindre les étudiants...
Je promets et évidemment ne tiendrais pas cette promesse, tant le propos est absurde.

J’entre donc avec l’horrible certitude que, d’ordre du directeur et probablement du ministère de l’Education Nationale, je viens de faire l’objet d’une « interdiction politique ». Pour la première fois de mon existence, en France.

Je n’ai réalisé que plus tard, après la fin de la visite se terminant au labyrinthe du Jardin des Plantes, à quel point cet incident était extra-ordinaire et révélateur d’un glissement angoissant de notre société. Rétrospectivement, j’ai eu peur, très peur...


Article de Claude-Marie VADROT

15 avril 2009

PIB vs Empreinte Ecologique

Mathis Wackernagel est tombé dans l'écologie quand il était petit : "Mon père avait été très frappé par le rapport réalisé en 1972 par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour le club de Rome sur "les limites de la croissance". Quand j'avais à peu près 10 ans, il m'a montré les graphes de ce livre en m'expliquant ce qu'ils signifiaient. Cela a fondé mon intérêt pour la question."

Un intérêt qui ne s'est jamais démenti et a conduit Mathis Wackernagel à devenir le co-inventeur de l'empreinte écologique, une méthode de mesure de l'activité humaine qui pourrait concurrencer le produit intérieur brut (PIB). Celui-ci ne prend pas en compte la dégradation environnementale causée par l'activité économique. Le principe de l'empreinte écologique vise au contraire à calculer la surface d'écosystèmes nécessaire pour fournir les éléments requis par l'activité d'un pays ou d'une région et absorber ses pollutions.

Basé à Oakland, en Californie, Mathis Wackernagel est venu à Paris au début du mois d'avril pour rencontrer des statisticiens du ministère de l'écologie, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ainsi que ceux de la Commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social, créée début 2008 à l'initiative de Nicolas Sarkozy et présidée par Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'économie. Mission de cette dernière ? Définir de nouveaux indicateurs capables de remédier aux lacunes du système statistique mondial actuel. Son rapport est attendu pour la mi-mai.

Mathis Wackernagel est-il entendu ? "De plus en plus par les experts, estime-t-il. Mais quand l'on regarde les dirigeants du G20, ils abordent tous la récession comme le simple recul du PIB et ne pensent qu'à trouver le moyen de le faire croître encore..." Un postulat que le gamin tombé dans la marmite du rapport au club de Rome s'est juré de mettre à bas.

SCIENTIFIQUE MILITANT

Né en Suisse, à Bâle, en 1962, le jeune Mathis étudie à l'Ecole polytechnique de Zürich, d'où il s'envole en 1990 pour préparer son doctorat au Canada, à Vancouver. Il vient étudier la capacité d'un environnement à supporter l'impact de l'aménagement des territoires. Des mots compliqués, que Mathis Wackernagel, avec son professeur David Rees, cherche à simplifier. "On discutait, une fois de plus, et un jour, David a dit : "Regarde cet ordinateur, il a une faible empreinte au sol"." La remarque paraît simple mais elle sera féconde. Elle conduit les deux compères à formaliser le concept d'empreinte écologique. Après un premier article de David Rees, en 1992, l'idée devient une méthode de calcul validée par de nombreux articles scientifiques.

Mathis Wackernagel a adopté la stratégie d'un scientifique militant. "Le rapport de 1972 sur les limites de la croissance a été tué par le débat académique, faute de soutien populaire", explique-t-il. Pour s'assurer que le milieu des statisticiens, par définition conservateur - "Ils doivent maintenir des séries de chiffres dans la durée" -, n'enterrera pas l'empreinte écologique, il fait alliance avec des associations puissantes, trouve son principal appui au Fonds mondial pour la nature (WWF) et fonde, en 2003, le Global Footprint Network (Réseau de l'empreinte écologique).

Un scientifique pressé ? "C'est une erreur de croire que l'on peut attendre pour adapter nos sociétés à la crise écologique", dit-il. "Nous sommes en train d'atteindre le pic du pétrole, mais aussi celui de la nourriture, de la pêche, de la biodiversité." Mesurer les dégâts sur l'environnement lui paraît le meilleur moyen de changer la mentalité des politiques.

L'empreinte écologique présente des défauts, qu'il connaît bien, "mais cet indicateur, c'est terrible, est le seul qui permette d'appréhender la dégradation écologique". Dans plusieurs pays (Suisse, Japon, Emirats arabes unis, Belgique), l'empreinte écologique commence en tout cas à être prise au sérieux par les services statistiques.

Hervé Kempf, Le Monde

04 avril 2009

Les 4 accords Toltèques > Petit à petit, je deviens moins petit...

Pourquoi la facilité de lecture de ces préceptes est-elle inversement proportionnelle à leur application ?...

Le combat d'une vie vers l'amélioration de soi-même... Y'a du boulot !



Source: le mensuel gratuit Biocontact