Par Jean Etienne, Futura-Sciences
Gageons que si vous connaissez tous Google.com, le moteur de recherche omniprésent sur nos ordinateurs, vous n'avez jamais entendu parler de Google.org, la branche philanthropique de l'entreprise, engagée dans différents programmes environnementaux. Et pourtant, elle pourrait faire changer notre façon de voir le monde.
Alors que la firme de Mountain View vient d'officialiser son réseau de production d'énergie à base de panneaux solaires, son bouillant directeur annonce un plan qui devrait lui permettre d'obtenir un "bilan carbone neutre" d'ici la fin de cette année. Les moyens dont il a décidé de se doter comprennent une optimisation poussée comme jamais auparavant du très grand nombre (inconnu…) de terminaux qui entreposent et gèrent l'ensemble des données sur la planète, mais surtout la généralisation de l'utilisation de cette énergie solaire, et même au-delà des limites de l'entreprise.
Mais si les capteurs qui viennent d'entrer en fonctionnement assurent une fourniture de 1,66 MW, assurant 30 % de la consommation du gigantesque campus industriel, ce réseau sera étendu à l'horizon 2012 jusqu'à 50 MW, soit la consommation moyenne de 50.000 foyers.
Une nouvelle orientation
Mais Google n'entend pas rester isolé avec son projet, qu'il ambitionne d'étendre à l'échelle planétaire avec la même efficacité dont a fait preuve son moteur de recherche lorsqu'il a conquis pacifiquement l'ensemble du réseau internet et la totalité des ordinateurs qui y sont reliés. L'entreprise entend en effet investir une bonne partie de la gigantesque fortune qu'elle a accumulée dans le développement de solutions qui ne seront pas cantonnées au seul aspect "business", comme le développement des voitures hybrides que ses fondateurs estiment trop lent et soumis à l'influence réductrice de l'industrie pétrolière. Google est ainsi fondatrice de l'initiative RechargeIT, un plan ambitieux doté d'un fond de 1 million de dollars pour commencer, et qui servira à promouvoir l'utilisation de véhicules hybrides ou électriques, et qui fait déjà l'objet d'un accord avec la société Rent-a-Car.
Mais surtout, et c'est là que les intentions du géant informatique deviennent réellement novatrices, Google étudie l'utilisation d'un courant d'électricité bi-directionnel entre les véhicules et une grille électrique. "La technologie des énergies propres peut faire évoluer de manière conséquente la façon dont nous fabriquons et utilisons l'énergie pour nos voitures et nos maisons, en faisant fonctionner les voitures avec une grille électrique alimentée par l'énergie solaire ou d'autres sources d'énergie renouvelables. Cette approche peut quadrupler l'efficience totale des voitures sur les routes aujourd'hui", déclare le Dr. Larry Brilliant, directeur exécutif de Google.org.
L'idée de base du système repose sur la recharge des batteries des véhicules durant la nuit, lorsque le prix de l'énergie est au plus bas et la demande la moins forte. Ensuite, l'énergie inutilisée de ces mêmes véhicules pourrait être automatiquement réinjectée dans le réseau via des capteurs durant les heures de pointe, et ainsi aider à franchir les pics de production d'énergie qui contraignent souvent les centrales à augmenter leur production, ainsi que la pollution inévitablement associée. Le plan prévoit aussi que le prix de cette énergie "revendue" pourrait être soustrait de la facture totale, ce qui constituerait un incitant à plus d'économie en matière de transports.
Investissements et subventions ne sont pas négligés
Notons que l'initiative RechargeIT ne se cantonne pas à l'étude et à la recherche, mais fait aussi équipe avec PG&E (Pacific Gas & Electric) et inclut de nombreuses subventions pour assurer le développement de prototypes et leur commercialisation.
A la date actuelle, ce sont environ 900.000 dollars qui ont été versés comme subsides à diverses firmes pour la promotion des voitures hybrides, tant au titre de l'investissement dans la recherche que pour l'information du public, mais Google annonce aussi le versement de 10 millions de dollars en appel d'offres pour la commercialisation proprement dite de moyens de transports utilisant des énergies alternatives réduisant les émissions de gaz à effet de serre.
Alors, les constructeurs automobiles ont-ils du souci à se faire ? Probablement, car c'est toujours lorsque la situation semble le plus sous contrôle et vous endort par excès de confiance qu'elle vous échappe subitement des mains et que vous vous voyez soudain dépassé par un concurrent dont vous ne soupçonniez même pas l'existence.
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