Amies et amis des Terres Cathares, bonjour.
Dans le cadre de mon activité d'édition, je rencontrais, voici quelques jours, une entreprise entrant dans le champ des annonceurs potentiels pour la revue. Impliquée géographiquement par l'histoire de la région, je présentais naturellement notre positionnement par rapport au "pays cathare". Au fil de la discussion, j'ai senti un blocage envers "ce qui pourrait être autre chose que l'histoire". Quelques mots devaient être bannis, comme "spiritualité", pour ne conserver que des versions insipides telles que "culture" ou "patrimoine".
En creusant un peu cette réaction, j'ai découvert que la personne en face de moi souhaitait écarter toute allusion à la spiritualité et n'acceptait de parler du catharisme que comme un support du patrimoine médiéval oublié, comme si une entreprise "sérieuse" ne pouvait s'occuper de questions comme la religion ou la spiritualité.
Cela m'interroge...
L'homme moderne doit-il nécessairement oublier sa condition pour s'insérer dans le troisième millénaire ? Devons-nous ne conserver de nous-mêmes que cette version épaisse de notre être pour en oublier toute sa subtilité ? Devons-nous accepter une schizophrénie permanente, ne pouvant vivre de manière identique sur les plans professionnel, familial et personnel ? Devons-nous trahir notre plénitude pour ne conserver qu'une vie partielle et partiale ?
Ce n'est certes pas la première fois que je constate un tel vide spirituel mais j'ai réellement compris, à cet instant, qu'il ne s'agissait pas uniquement d'une crainte vis-à-vis des sectes. Le problème est beaucoup plus grave et dépasse largement le cadre de la seule définition du catharisme et de ses récupérations.
De fait, considérer le champ spirituel comme déconnecté du monde matériel est aussi idiot que de définir notre matérialité comme inférieure à la spiritualité. C'est cette forme de dualisme exclusif que nous traînons depuis plus de 2 500 ans, après Socrate, Platon, saint Augustin et bien d'autres qui nous ont précédés et influencent encore notre vision du monde et de notre vie.
Ce carcan intellectuel et idéologique qui voudrait nous faire croire à une séparation entre le corps et l'esprit, entre l'observateur et ce qui est observé, entre nous et notre environnement devrait être oublié depuis longtemps. Les progrès de la science, de la physique quantique à la psychosociologie nous apportent des réponses bien différentes que cette approche segmentée.
Mais au fond... qu'est-ce que cela cache ?
La réponse est malheureusement simple. Plutôt que d'accepter que les solutions ne soient pas données par ce que nous croyons être des vecteurs de vérité (les médias, les savants, les personnalités "référentes"), nous préférons oublier les questions. Plutôt que d'accepter que nous sommes à la fois un corps et un esprit, nous préférons ne conserver que la vision étriquée d'un corps physique perdu dans un monde matériel dénué de sens.
Au quotidien, la vie nous apporte des questionnements et le plus souvent des réponses. Encore faut-il être à l'écoute, bien entendu, des signaux faibles, de ce que nous ne voulons pas entendre, de ce qui peut remettre en cause notre relatif confort dans la non action.
Êtes-vous cathares ? La question n'est pas là. Elle ne se pose pas car elle n'a pas véritablement de sens. Le Sens que nous devons chercher inlassablement, c'est ce que nous devons faire de ce court instant que nous vivons sur terre. Ce qui doit nous guider, c'est que nous ne sommes pas simplement des êtres dont la chair part en décomposition à l'issue d'un battement de coeur à l'échelle de l'Univers. Ce qui est important, c'est ce que nous apportons autour de nous, ce que nous construisons, dans l'intérêt de nos proches, de notre environnement et de la société dans laquelle nous vivons. C'est ainsi que nous pouvons retrouver notre dimension spirituelle, dans ce qu'elle a de merveilleux et de déroutant : nous ne sommes pas déconnectés de l'Univers. Nous en faisons partie, nous en sommes un élément, un composant et surtout un acteur.
A bientôt.
- Philippe Contal -
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