jeudi 20 octobre 2005, 10h04
La marine américaine accusée de mettre en danger les baleinesLOS ANGELES (AFP) - Des groupes de défense de l'environnement soutenus par l'acteur
Pierce Brosnan poursuivent en justice la
marine américaine, l'accusant d'utiliser un sonar mettant en danger les mammifères marins.
Plusieurs associations écologistes ont porté plainte mercredi à Los Angeles (Californie, ouest), affirmant que l'utilisation par la marine d'un "sonar actif" destiné à détecter les sous-marins dans des zones habitées par des baleines et des dauphins constitue une infraction à la loi.
Ce type de sonar propage dans l'eau le son d'explosions très fortes qui peuvent provoquer des pertes d'audition et endommager les organes internes des baleines, et avoir un impact sur d'autres mammifères marins, selon des chercheurs cités par ces groupes.
L'ex-James Bond Pierce Brosnan a apporté son soutien à l'action en justice. "Les sonars militaires génèrent des bruits assourdissants qui peuvent blesser ou même tuer des mammifères marins", a assuré Pierce Brosnan dans une vidéo distribuée par les groupes écologistes.
"Personne au sein de la communauté scientifique ne discute le fait que les systèmes de sonar actifs de moyenne fréquence utilisés par la marine peuvent tuer, blesser ou perturber des mammifères marins", indique pour sa part le texte de la plainte.
"Les données scientifiques disponibles semblent aussi montrer une relation de longue date entre les exercices de la marine et l'échouage en masse de baleines désorientées", ajoute le texte.
Parmi les plaignants figurent le Conseil de défense des ressources naturelles (NRDC), un groupe américain, et le fils du célèbre océanographe français Jacques-Yves Cousteau,
Jean-Michel Cousteau. Ils accusent la marine d'infraction à une loi américaine qui requiert une évaluation avant toute action du gouvernement pouvant avoir un impact sur l'environnement, et à un autre texte sur la protection des espèces menacées. La marine américaine n'était pas joignable pour réagir à cette plainte.
Les plaignants, qui réclament une analyse de l'impact de ce sonar sur l'environnement, veulent aussi forcer la marine à prendre des précautions avant tout usage de cet instrument, comme vérifier la présence de baleines dans la zone.
"Ce n'est pas l'environnement d'une part contre la sécurité nationale d'autre part", a souligné Joel Reynolds, avocat du NRDC, interrogé par des journalistes. "Nous pouvons avoir les deux et nous le devons, car c'est ce que la loi exige", a-t-il ajouté. Cette plainte fait suite à une action en justice semblable, mais cette fois sur les sonars à basse fréquence, réglée à l'amiable il y a deux ans.
Les défenseurs de l'environnement reconnaissent que les données publiques sur les sonars à haute fréquence, utilisées par toutes les marines du monde à bord de leurs sous-marins ou bâtiments de surface, sont rares. Mais leur plainte affirme que les sonars peuvent générer des sons jusqu'à 215 décibels, bien au delà du seuil de la douleur pour les humains.
En 2000, sept baleines avaient été retrouvées mortes sur les côtes des Bahamas, en mer des Caraïbes, après que la marine américaine eut utilisé des sonars ayant, selon les groupes, propagé des sons de 235 décibels.
Depuis, la marine a continué à utiliser ces instruments, dont une fois à l'occasion d'un entraînement au large des côtes de la Caroline du Nord (est) en janvier dernier, habitées par des espèces de mammifères protégées, selon la plainte. Les écologistes affirment en outre que des dauphins ont aussi pâti de ces sonars et que les tortues marines, les poissons et d'autres formes de vie aquatique pourraient également être à risque.