Qui est Harry Markopolos ? Ce pourrait être le titre d'un film de Hitchcock, c'est plus prosaïquement la question que se posent aujourd'hui les plus grands spécialistes de la finance. Comment cet expert en produits dérivés a-t-il réussi, il y a un peu plus de trois ans, à percer le mystère du vaste système de fraude mis au point par Bernard Madoff ? Et pourquoi son avertissement, sous la forme d'un rapport de 19 pages remis à la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine le 7 novembre 2005, n'a-t-il été suivi d'aucun effet ?
Depuis la révélation de ce document aussi explosif que fascinant par le Wall Street Journal (daté 18 décembre 2008), chacun cherche à comprendre. Le titre même du rapport aurait dû suffire : "The World's Largest Hedge Fund is a Fraud". Impossible d'être plus explicite. La suite l'était tout autant. On y apprend d'emblée que M. Markopolos n'en est pas à sa première mise en garde : en mai 1999, il avait déjà averti les services de la SEC de Boston. Aucune suite. Alors il insiste, fournit des détails, démontre. Le fonds Madoff ? Rien moins, écrivait-il, que"le plus grand fonds spéculatif du monde, avec des actifs sous gestion compris entre au moins 20 milliards et peut-être 50 milliards de dollars".
Tout y est, de la liste nominative des rabatteurs de l'escroc au risque de débâcle potentiel lié à l'effondrement du "schéma de Ponzi le plus important du monde". C'est à Wall Street et en Europe que cette fraude fera le plus de dégâts, prévient-il, ajoutant que les principaux investisseurs de ce système sont des "banques privées françaises et suisses". Markopolos avait visiblement peur de ce qu'il avait découvert. "Je crains pour ma sécurité et celle de ma famille", indiquait-il à la SEC, la priant de respecter de strictes mesures de confidentialité. De fait, publiquement tout au moins, personne n'entendra parler de ce rapport jusqu'au 18 décembre 2008. Pour ce "Contrepoint", il nous a d'ailleurs été impossible d'obtenir le droit de publier la seule photo disponible sur Internet de M. Markopolos.
Alors bien sûr l'on dira qu'il n'est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. On se souvient en particulier de ce qui est arrivé à l'économiste américain Nouriel Roubini qui, deux ans avant le déclenchement de la crise, avait fait, lors d'une conférence au Fonds monétaire international (FMI), le récit de cette catastrophe annoncée. Après son discours, sous les rires de la salle, le modérateur avait eu ce seul commentaire : "Peut-être qu'après cela, il nous faudra un petit remontant."
A la différence de Nouriel Roubini, M. Markopolos n'appartient pas à la catégorie des Cassandre. Sa méthode repose exclusivement sur la rigueur mathématique et une exceptionnelle obstination. Reste à comprendre pourquoi, dans un monde où pullulent les mathématiciens les plus astucieux, il fut le seul à découvrir le pot-aux-roses. Et, pourquoi, alors qu'il avait solennellement donné l'alerte, les gendarmes de Wall Street ont-ils scrupuleusement ignoré ce qui apparaît comme la plus grande escroquerie financière de tous les temps ? On en saura sans doute un peu plus dans quelques jours lorsque Harry Markopolos sera auditionné par une commission d'enquête du Congrès. Quant à l'enquête policière, elle sera à coup sûr l'un des feuilletons les plus explosifs de la première année du mandat de Barack Obama.
Depuis la révélation de ce document aussi explosif que fascinant par le Wall Street Journal (daté 18 décembre 2008), chacun cherche à comprendre. Le titre même du rapport aurait dû suffire : "The World's Largest Hedge Fund is a Fraud". Impossible d'être plus explicite. La suite l'était tout autant. On y apprend d'emblée que M. Markopolos n'en est pas à sa première mise en garde : en mai 1999, il avait déjà averti les services de la SEC de Boston. Aucune suite. Alors il insiste, fournit des détails, démontre. Le fonds Madoff ? Rien moins, écrivait-il, que"le plus grand fonds spéculatif du monde, avec des actifs sous gestion compris entre au moins 20 milliards et peut-être 50 milliards de dollars".
Tout y est, de la liste nominative des rabatteurs de l'escroc au risque de débâcle potentiel lié à l'effondrement du "schéma de Ponzi le plus important du monde". C'est à Wall Street et en Europe que cette fraude fera le plus de dégâts, prévient-il, ajoutant que les principaux investisseurs de ce système sont des "banques privées françaises et suisses". Markopolos avait visiblement peur de ce qu'il avait découvert. "Je crains pour ma sécurité et celle de ma famille", indiquait-il à la SEC, la priant de respecter de strictes mesures de confidentialité. De fait, publiquement tout au moins, personne n'entendra parler de ce rapport jusqu'au 18 décembre 2008. Pour ce "Contrepoint", il nous a d'ailleurs été impossible d'obtenir le droit de publier la seule photo disponible sur Internet de M. Markopolos.
Alors bien sûr l'on dira qu'il n'est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. On se souvient en particulier de ce qui est arrivé à l'économiste américain Nouriel Roubini qui, deux ans avant le déclenchement de la crise, avait fait, lors d'une conférence au Fonds monétaire international (FMI), le récit de cette catastrophe annoncée. Après son discours, sous les rires de la salle, le modérateur avait eu ce seul commentaire : "Peut-être qu'après cela, il nous faudra un petit remontant."
A la différence de Nouriel Roubini, M. Markopolos n'appartient pas à la catégorie des Cassandre. Sa méthode repose exclusivement sur la rigueur mathématique et une exceptionnelle obstination. Reste à comprendre pourquoi, dans un monde où pullulent les mathématiciens les plus astucieux, il fut le seul à découvrir le pot-aux-roses. Et, pourquoi, alors qu'il avait solennellement donné l'alerte, les gendarmes de Wall Street ont-ils scrupuleusement ignoré ce qui apparaît comme la plus grande escroquerie financière de tous les temps ? On en saura sans doute un peu plus dans quelques jours lorsque Harry Markopolos sera auditionné par une commission d'enquête du Congrès. Quant à l'enquête policière, elle sera à coup sûr l'un des feuilletons les plus explosifs de la première année du mandat de Barack Obama.
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