Forever conformiste !
Cela a commencé par mon jeune voisin qui l’arborait décontracté Dimanche matin sur son balcon en lapant son café la main dans le calbut. Ça sentait le pyjama, le cadeau à la con d’un vieux cousin qui revenait de là-bas. Puis, dans l’après-midi, Boulevard St-Germain, j’en ai croisé un autre, cette fois porté par une belle plante brune de vingt ans à peine. Son allure assez sophistiquée me permettait d'affirmer que, sur elle, ce tee-shirt n’était pas un accident mais une revendication. Etrange coïncidence tout de même...
C’est à partir de là que j’ai commencé à y faire attention. En 4 jours, dans les rues de Paris, j’en ai compté 16 plus 2 à la télé ! On croyait le rêve détrôné, on pensait le royaume mal barré mais non, il vit toujours.
Je parle de l’objet tendance qui a bercé mon enfance, du truc super ringue que je croyais réservé aux beaufs des eighties qui l'achetaient en catastrophe à la boutique de souvenir de La Guardia au retour de leur voyage groupé à Orlando avec le comité d’entreprise, je parle de ce nec plus ultime de la mode Gucci-Monoprix qui va désormais si bien avec les Converses* de leurs mômes qui, les bienheureux, n’ont pas connu les années quatre vingt. Je parle bien sur du tee-shirt à gros cœur sur fond blanc : "I love New York" !
Moi aussi j’aime New-York. J’aime également La Rochelle, Les basses Vosges, la campagne et le cassoulet mais de la à le revendiquer bien en évidence sur une pièce de tissu fabriquée par un enfant du 6 ans exploité dans une usine au fond du Jiangsu, revendue 19 euros (la pièce de tissu pas l'enfant) au supermarché pseudo-branchouille du coin pour un jeune con qui se la joue "grand voyageur", il y a un monde. Un tee-shirt "Fuck Rolex" ou "Death to Capitalism" pourquoi pas, si les logos sont rigolos. Mais, pensez-vous, avec un tel article porté sur mes super pecs' tendus, j'aurais vite fait de finir au poste ! Tandis qu'un jeune qui porte un tee-shirt "I Love New-York", lui, ne risque rien. Il est tout sauf une menace pour la société !
Sur le fond, quelle conformiste déclaration d’amour envers la ville noyau qui a tourneboulé l’occident, la Babylone du pognon fou, la ville où tout est possible mais où ça prendra 50 ans de moins pour celui qui a les dollars, la mégalopole qui fait mouiller notre président!
A moins que je sois un vieux con (ce qui est bien possible, si j'en crois mes livres) et que je n'ai rien compris, que tout cela ne soit que du second degré, le clin d'œil fashion et plein d'ironie d'une jeunesse particulièrement cynique face au déclin de l'empire.
Oui, cela doit être ça.
Quand même, faut se méfier. Ce matin Rue des Quatre-Vents j'ai vu un môme avec un tee-shirt "I love SF" (San Francisco). J'ai appelé les flics, préventivement. La racaille déviante, vaut mieux la ficher au plus tôt !
P.S : A noter que cela marche aussi avec le sticker de soutien à Barack Obama "Change We need" que l'on retrouve souvent collé aux pare-chocs des 4X4 immatriculés dans le 75. C'est donc tendance à Paris d'afficher son soutien à un candidat pour lequel on ne nous demande pas de choisir alors que pour d'autres échéances électorales plus nationales, bien rares sont ceux qui, tous partis confondus, osent revendiquer sur leurs voitures le camp politique pour lequel ils vont voter.
(ci-dessus, un illustration du matériel publicitaire de l'homme politique français le plus populaire.)
* pour les Converses, je vous renvoie à ma vidéo sur le sujet.
Source: Les jours et l'ennui de Seb MUSSET
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