06 décembre 2006

Il existe des noyaux thématiques entre le Privé et le Public...

France Culture, une vitrine pathétique du système PS-UMP

Même si France Culture n'est plus la chaîne de l'excellence pour tous (1963-1998†) mais désormais un fast food culturel (1999-2006) [1], elle reste un microcosme bien-pensant très instructif à étudier. En effet, cette chaîne dite publique présente la particularité d'être depuis 1999 aux mains d'une petite équipe constituée quasi exclusivement de proches du parti socialiste et de l'Elysée. Comme de plus son budget reste constant et qu'elle ne subit ni concurrence chinoise, ni pression publicitaire, ni oukases bruxellois, on peut dire qu'elle constitue une vitrine idéale du système de gouvernance PS-UMP, débarrassé de toute distorsion extérieure. Nous verrons que sur les grandes questions qui préoccupent aujourd'hui les français, le bilan de cette gouvernance est particulièrement calamiteux.

L'augmentation du chômage à France Culture

Depuis 1999, date de prise en mains de la chaîne par Laure Adler pendant la cohabitation Chirac Jospin, et jusqu'à aujourd'hui, le chômage et la précarité ont très largement augmenté à France Culture. Pour une raison très simple : à budget constant l'embauche d'un proche de l'Elysée ou de la gauche caviar, surpayé et souvent flanqué de son assistant personnel, nécessite de "remercier" 3 ou 4 des producteurs habituels de la station. Par ailleurs, on ne fera pas diminuer le chômage dans ce pays en distribuant des emplois à ceux qui ont déjà plusieurs emplois. Une autre anomalie du marché du travail de France Culture réside dans l'excellence professionnelle des gens virés depuis 1999 - en témoigne la rediffusion constante de leurs œuvres - et l'amateurisme radiophonique des nouveaux venus. Il semble que dans ce microcosme socialo-mondain acquis aux idées libérales, la fameuse main invisible du marché peine à sélectionner les meilleurs.

La montée des inégalités à France Culture

Dans son passé prestigieux, France Culture recrutait comme producteurs des gens passionnés et cultivés de toutes conditions sociales, mêmes les plus modestes. Sous l'impulsion de deux proches du PS, Laure Adler puis David Kessler, la chaîne a pris l'habitude de recruter quasi exclusivement dans un réseau mondain de gens fortunés qui ont déjà de multiples et confortables sources de revenus. Le français moyen n'a donc plus aucune chance de voir ses enfants diplômés trouver du travail dans le "service public" France Culture. À part bien sûr comme stagiaires ou encore comme reporter pigiste plâtrier plaquiste chez Jean Lebrun [2], ce qui semble d'ailleurs le destin de la classe moyenne dans la société d'Ancien régime mise en place par le PS et l'UMP.

Si vous insistez néanmoins pour postuler, voici quelques exemples des profils de producteurs recherchés par France Culture depuis 1999 : directeur du groupe Le Monde, directrice du Seuil littérature, directrice de Normale Sup, président de la fondation de l'ENS, neveu et nièce de président de la république, conseiller d'Etat, filleul de Jack Lang, conseiller de Rocard, dirigeant du Figaro, responsable des Inrocks, diplomate, fils de diplomate, fille de ministre, épouse de millionnaire, copain de Sciences Po, playboy mitterrandien, etc. Pour fixer en gros les idées, disons qu'à France Culture il y a désormais des gens avec 15.000€ de revenus extérieurs qui viennent cachetonner autour de 5.000€ pendant que les producteurs traditionnels dépassent rarement 2.000€ mensuels.

Après ce paragraphe démagogique, insérons le traditionnel chœur des vierges effarouchées du PAF : "Oh mon Dieu, vous faites le jeu des extrêmes!"

Toutes ces remarques ne seraient que vain populisme si du moins cette petite oligarchie si coûteuse pour les finances publiques produisait de bonnes émissions. Hélas, être producteur sur France Culture est un métier exigeant qui ne s'improvise pas et a peu de rapport avec ces personnalités pressées qui viennent cachetonner entre deux cocktails en pensant que l'art radiophonique consiste, comme à la télévision, à pérorer des banalités. Sur l'art de l'interview radiophonique, le regretté Alain Trutat parlait de maïeutique, c'est à dire l'art socratique d'amener l'invité à exprimer le meilleur de lui même [3]. Dans ce rôle très difficile de médiation, le producteur de France Culture ne doit donc être, ni un bavard narcissique, ni un pipole qui pose des questions pipole, ni un prix Nobel incapable de vulgarisation. Et puis, ces nouveaux producteurs mondains ont beau envoyer des stagiaires enquêter en banlieue, on les sent complètement coupés du pays réel, phénomène qui favorise la propagation de toutes sortes de clichés bien-pensants à l'antenne.

Sur les limites du système de cumul des emplois on lira avec profit l'article du Canard Enchaîné du 22 novembre 2006 qui évoque deux personnalités bien connues des auditeurs, à propos de la crise actuelle de l'Ecole Normale Supérieure : http://bibli-ens.over-blog.net/article-4647981.html

L'éducation populaire en berne à France Culture

Après avoir longtemps résisté, France Culture autrefois chaîne de la connaissance, favorite des autodidactes, a été à son tour ravagée par la pédagogie de l'éloge du bavardage, la même qui a dévasté la télévision et surtout l'école publique depuis 30 ans et que le philosophe Jean Claude Michéa [4] baptise fort justement "l'enseignement de l'ignorance". De fait, on n'apprend plus grand-chose d'important à l'écoute de la chaîne. A cet égard, la matinale de France Culture constitue une expérience sensorielle extrême. Tiré du lit à 6h58 par un histrion claironnant, l'auditeur puni doit subir une rafale de chroniques enfilées comme des perles : dès 7h15, messe de propagande économique version guignolade, 7h35 revue superflue de la presse superflue, 7h45 un porte-parole du Figaro, 8h15 un porte-parole de l'armée US, 8h30 un porte-parole du PS, etc. Des témoins assurent que certains jours, on parle même de culture. Malgré de beaux restes aux heures creuses, les heures de grande écoute de la station sont souvent d'une stupéfiante vacuité. Pas moins de trois "documentaires" en octobre sur le coup de tête de monsieur Zidane, voilà un petit exemple qui résume assez bien l'ambition intellectuelle de France Culture désormais.

La violence sociale à France Culture

Depuis 1999, France Culture se plait à employer la lettre recommandée, la pression salariale, le licenciement brutal ou la peur du licenciement comme mode de management moderne par des élites branchées. Evidemment ces méthodes musclées ne s'appliquent pas aux amis du Château ! Les auditeurs n'ont pas oublié le renvoi brutal des chroniqueurs Miguel Benasayag et Eric Dupin ou des producteurs Bertrand Jérôme, Pascale Lismonde et tant d'autres. Pour résumer la situation, on citera encore et encore Le Monde du 7 novembre 1999 : "La situation est d'autant plus tendue que, pour la première fois, on licencie brutalement dans une entreprise traditionnellement feutrée et courtoise qui n'a jamais connu de telles méthodes de management".

On pourrait évoquer aussi la violence de la station vis à vis de ses auditeurs. Dernièrement elle n'a rien trouvé de mieux, à la demande de Mme Laure Adler, que de traîner un auditeur en justice pour "injure publique" à propos d'un banal dessin satirique. Lors de l'enquête préliminaire aux frais du contribuable, DDFC et divers universitaires ou chercheurs ont été convoqué comme témoins par la police. Ainsi va la vie intellectuelle dans la France de 2006. [5]

En manière de conclusion

On pourrait parler aussi de la confusion des genres entre le service public France Culture et ses multiples partenariats depuis 1999 avec des grands groupes de presse privés. Partenariats croisés qui font que par exemple la presse n'évoque jamais le saccage intellectuel de France Culture. Bref, l'observation de cette chaîne dresse un exemple pitoyable de l'action du système oligarchique PS-UMP. Dans le vaste partage du gâteau institutionnel, il est visible que les socialistes ont obtenu France Culture, à charge pour eux de distribuer quelques prébendes à des proches de l'Elysée. Ce que Pierre Bouteiller, ancien directeur de France Musique résume ainsi : « Le pouvoir, de gauche comme de droite, a toujours considéré que la télé et la radio étaient des points de chute pour ses amis politiques. Ces incompétents développent ensuite une véritable allergie aux vrais professionnels et les virent. On ne s'en sortira jamais » (Libération 12 octobre 2006)

La recherche de pointe, l'intelligence dans tous les domaines sont l'avenir obligé de l'Europe. Sur France Culture, on en est loin avec les programmes pleurnichards actuels. Espérons que les français auront en 2007 l'intelligence de renvoyer deux partis devenus parasitaires après vingt-cinq années de sclérose dans les palais de la République. Ainsi une vraie vie démocratique pourrait émerger à nouveau dans le pays et par là même peut-être provoquer la Renaissance de France Culture.


Défense de France Culture
30 novembre 2006
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[1] La bien-pensance, le compassionnel, l'argent, le foot et les consoles de jeux sont les préoccupations majeures de l'équipe actuelle.
[2] cf. interview du journaliste Jean Lebrun le 13 novembre 2006 sur France Culture
[3] entretien de DDFC avec le réalisateur Alain Trutat en novembre 2005.
[4] Jean-Claude Michéa est avec Michel Clouscard un des nombreux philosophes dérangeants oubliés par la chaîne. Voir http://sergbelh.club.fr/jcmichea.html et http://editionsdelga.com/catalogue/c1/p5
[5] Le procès est fixé au 11 mai 2007. Voir http://ddfc.free.fr/proces.htm et http://ddfc.free.fr/soutien.htm

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